greuze.jpg (32172 octets)Jean-Baptiste Greuze s'est formé à Lyon comme élève de Grandon. À partir de 1750, il s'installe à Paris et étudie auprès de Charles-Joseph Natoire à l'Académie de peinture.

Sa composition du Père de famille expliquant la Bible à ses enfants lui assure le succès et le fait remarquer de la critique. Le talent de Greuze illustre un autre aspect de la «veine bourgeoise» que l'inspiration réaliste de Chardin venait de mettre à la mode. Il a rendu en peinture les épisodes pathétiques des contes moraux de Marmontel et ceux de son ami Diderot. Cette nouvelle «peinture morale» traduit le goût tout récent des contemporains pour les intentions édifiantes de l'auteur des Bijoux indiscrets (il convient désormais que la peinture et la littérature se fassent l'instrument des idées nouvelles). Mais cet art qui parle à la sensibilité du spectateur glisse trop souvent, chez Greuze, de la sensibilité à la sentimentalité et à la «comédie larmoyante» de La Chaussée (la Complainte de la montre: la jeune fille abandonnée). Le peintre utilise pour ses effets, qu'il rend avec une grande délicatesse de touches et de coloris, tout un répertoire de gestes outranciers, de figures à demi pâmées, de mains crispées (le Mauvais Fils puni : la malédiction paternelle ; l'Accordée de village , exposée au Salon de 1761). Séduit avant tout par ses modèles féminins, qu'il se plaît à représenter à demi dévêtus dans l'égarement des passions honnêtes mal contenues, Greuze ne peut se dégager tout à fait de l'ambiance galante de son temps. Sa célèbre Cruche cassée ne sait dissimuler tout à fait quelque allusion libertine. En réalité, il se montre bien plus sincère dans ses représentations d'enfants (Fillette soulevant un coffre, la Liseuse, Tête de garçon) ou dans ses portraits (le Libraire Babuti, le Graveur Wille) quand il oublie ses anecdotes sentimentales et sa mauvaise littérature.

Après le grand brassage de la Révolution et après des essais malheureux dans le genre historique (Septime Sévère reprochant à son fils d'avoir voulu le faire assassiner), son talent, que la vogue de l'antique a éclipsé, cesse de plaire. Greuze meurt oublié à Paris en 1805.